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— Cependant, insista le commissaire, si cet individu est un pékin, comment s’est-il procuré ces effets ? Peut-il les avoir empruntés à des hommes de votre compagnie ?

— À la grande rigueur, oui… mais il est difficile de l’imaginer.

— Est-il du moins possible de s’en assurer ?

— Oh !… très-bien. Je n’ai qu’à courir à la caserne et à ordonner une revue d’habillement.

— En effet, approuva le commissaire, le moyen est bon.

Mais Lecoq venait d’en imaginer un aussi concluant et plus prompt.

— Un mot, sergent, dit-il. Est-ce que les régiments ne vendent pas de temps à autre, aux enchères publiques, les effets hors de service ?

— Si… tous les ans une fois au moins, après l’inspection.

— Et ne fait-on pas une remarque aux vêtements ainsi vendus ?

— Pardonnez-moi.

— Alors, voyez donc si l’uniforme de ce malheureux ne présente pas des traces de cette remarque.

Le sous-officier retourna le collet de la capote, visita la ceinture du pantalon, et dit :

— Vous avez raison… ce sont des effets réformés.

L’œil du jeune policier brilla, mais ce ne fut qu’un éclair.

— Il faut donc, observa-t-il, que ce pauvre diable ait acheté ce costume. Où ?… Au Temple nécessairement, chez un de ces richissimes marchands qui font en gros