Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des traces sur la mince couche de neige qui recouvre la clôture.

Le bonhomme n’eût point été fâché de se rendre compte par lui-même, ainsi qu’il le disait, mais Lecoq était pressé.

— En route, en route ! dit-il, vous vérifierez mes assertions une autre fois…

Ils sortirent alors du jardinet, et s’attachèrent aux empreintes qui remontaient vers les boulevards extérieurs, en appuyant toutefois un peu sur la droite dans la direction de la rue du Patay.

Point n’était besoin d’une attention soutenue. Personne, hormis les fugitifs, ne s’était aventuré dans ces parages déserts depuis la dernière tombée de neige. Un enfant eût suivi la voie, tant elle était claire et distincte.

Quatre empreintes, très-différentes, formaient la piste : deux étaient celles des femmes ; les deux autres, l’une à l’aller, l’autre au retour, avaient été laissées par l’homme.

À diverses reprises, ce dernier avait posé le pied juste sur les pas des deux femmes, les effaçant à demi, et ainsi il ne pouvait subsister de doutes quant à l’instant précis de la soirée où il était venu épier.

À cent mètres environ de la Poivrière, Lecoq saisit brusquement le bras de son vieux collègue.

— Halte !… commanda-t-il, nous approchons du bon endroit, j’entrevois des indices positifs.

L’endroit était un chantier abandonné, ou plutôt la réserve d’un entrepreneur de bâtisses. Il s’y trouvait déposés selon le caprice des charretiers quantité d’énor-