Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/401

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hardit et put déployer ses surprenantes aptitudes de limier.

L’affaire de Mme B… la femme du banquier, couronna sa réputation.

Consulté au moment où la police était sur les dents, il prouva par A plus B, par une déduction mathématique, pour ainsi dire, qu’il fallait que la chère dame se fût volée elle-même.

On chercha dans ce sens… il avait dit vrai.

Après cela, et pendant plusieurs années, il fut appelé à donner son avis sur toutes les affaires obscures.

On ne peut dire cependant qu’il fût employé à la Préfecture. Qui dit emploi, dit appointements, et jamais ce bizarre policier ne consentit à recevoir un sou.

Ce qu’il faisait, c’était pour son plaisir, pour la satisfaction d’une passion devenue sa vie, pour la gloire, pour l’honneur…

Il chassait au scélérat dans Paris, comme d’autres au sanglier dans les bois, et il trouvait que c’était bien autrement utile, et surtout bien plus émouvant.

Même, quand les fonds alloués lui paraissaient insuffisants, bravement il y allait de sa poche, et jamais les agents qui travaillaient avec lui ne le quittaient sans emporter des marques monnayées de sa munificence.

Un tel caractère devait lui susciter des ennemis.

Pour rien, il travaillait autant et mieux que deux inspecteurs. En l’appelant « gâte-métier » on n’avait pas tort.

Son nom seul donne encore des convulsions à Gévrol.