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Il l’eut… deux sergents de ville accouraient, très-intrigués par ce groupe confus qu’ils distinguaient au coin de la rue.

En deux mots Lecoq leur exposa — comme il fallait — la situation. Il fut décidé que l’un d’eux allait conduire au poste l’homme au feutre et que l’autre resterait avec le père Absinthe pour guetter le prévenu.

— Et maintenant, déclara le jeune policier, je cours rue de Grenelle donner l’alarme… De quelle maison dépend ce jardin ?

— Quoi !… répondit un des sergents de ville tout surpris, vous ne connaissez pas les jardins du duc de Sairmeuse, de ce fameux duc qui est dix fois millionnaire, et était autrefois l’ami…

— Je sais, je sais !… dit Lecoq.

— Même, poursuivit le sergent, le voleur qui s’est introduit là n’a pas eu le nez creux. Il y a eu ce soir réception à l’hôtel, comme tous les lundis, du reste, et tout le monde est encore debout.

— Sans compter, ajouta l’autre sergent de ville, que les invités ne sont seulement pas partis. Il y avait encore au moins cinq ou six voitures, à l’instant, devant la porte.

Muni de ces renseignements, le jeune policier partit comme un trait, plus troublé après ce qu’il venait d’apprendre, qu’il ne l’avait été jusqu’alors.

Il comprenait que si Mai s’était introduit dans cet hôtel, ce n’était pas dans le but de commettre un vol, mais poussé par l’espérance de faire perdre sa piste aux limiers acharnés après lui.

Or, n’y avait-il pas à craindre, à parier même, que