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sant au coin de la rue de Saint-Quentin une maison en construction, il s’y cacha, attendant…

— « Le temps de passer un châle et un chapeau, et je pars ! »

Ainsi avait dit Mme  Milner au jeune policier.

Mais elle avait quarante ans sonnés, elle était veuve, blonde, très-agréable encore, de l’aveu du commissaire de police de son quartier… Il lui fallut plus de dix minutes pour nouer négligemment les brides de son chapeau de velours gros bleu.

Lecoq, au milieu de ses plâtras, sentait des sueurs perler le long de son échine à l’idée que Mai pouvait arriver d’un instant à l’autre.

Combien avait-il d’avance sur lui ?… Une demi-heure peut-être, et encore !… Et il n’avait accompli que la moitié de sa tâche.

Chaque ombre qui apparaissait au coin de la rue Saint-Quentin, du côté de la rue Lafayette, lui donnait le frisson.

Enfin la coquette hôtelière apparut, toute pimpante par cette belle journée de printemps.

Elle tenait sans doute à réparer le temps perdu à sa toilette, car c’est presque en courant qu’elle gagna le bout de la rue.

Dès qu’elle eut disparu, le jeune policier bondit hors de sa cachette, et entra comme une trombe à l’hôtel de Mariembourg.

Fritz, le garçon bavarois, avait dû être prévenu que la maison allait rester sous sa seule garde, pendant quelques heures, et… il gardait.

Il s’était bien et commodément établi dans le propre