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dont la tenue correcte annonçait un serviteur de bonne maison, s’avança rapidement vers M. Segmuller.

— Ah !… c’est vous, Jean, dit le juge, comment va votre maître ?

— De mieux en mieux, monsieur. Il m’envoyait prendre des nouvelles de monsieur et lui demander où en est l’affaire.

— Toujours au point que je lui disais dans ma lettre. Saluez-le de ma part et dites-lui que je suis rétabli.

Le domestique salua, Lecoq prit place près de son juge d’instruction, et le fiacre se mit en route.

— Ce garçon, reprit M. Segmuller, est le valet de chambre de d’Escorval.

— Le juge qui…

— Précisément. Il me l’envoie tous les deux ou trois jours, afin de savoir ce que nous faisons de notre énigmatique Mai.

— M. d’Escorval s’en préoccupe ?

— Prodigieusement, et je le conçois, puisque c’est lui, en définitive, qui a ouvert l’information, et qui la poursuivrait sans sa funeste chute. Peut-être regrette-t-il cette instruction et se dit-il qu’il l’eût mieux menée que moi. Nous nous entendrions bien, si c’était possible, car je donnerais bonne chose de le voir à ma place…

Mais cette substitution n’eût pas été du goût de Lecoq.

— Ce n’est pas, pensait-il, ce terrible juge qui jamais eût consenti aux démarches que je viens d’obtenir de M. Segmuller.

Il avait grandement raison de se féliciter, car le juge