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tant, et profiter momentanément de la différence entre la somme donnée en à-compte et le prix de cession.

Lecoq n’en décida pas moins qu’il irait jusqu’au fond de cet incident.

Il voulait, à défaut d’autre satisfaction, s’épargner des remords comme ceux qui le poursuivaient depuis qu’il s’était si naïvement laissé prendre aux apparences à l’hôtel de Mariembourg.

Il retourna donc chez Doisty, et sous un prétexte assez plausible pour écarter tout soupçon de sa profession, il obtint la communication de ses livres de commerce.

À l’année indiquée, au mois fixé, la vente était inscrite, non-seulement sur la main-courante, mais encore sur le grand-livre. Les neuf mille francs étaient passés en compte et successivement, à des intervalles éloignés, les divers versements de la marquise étaient portés à l’avoir.

Que Mme  Milner eût réussi à glisser sur son registre de police une fausse mention, on le comprenait. Il était impossible que le bijoutier eût falsifié toute sa comptabilité de quatre ans.

La réalité est indiscutable, et cependant le jeune policier ne se tint pas pour satisfait.

Il se transporta rue du Faubourg-Saint-Honoré, à la maison qu’habitait en son vivant la baronne de Watchau, et là, il apprit d’un concierge complaisant que lors du décès de cette pauvre dame, ses meubles et ses effets avaient été portés à l’hôtel de la rue Drouot.

— Même, ajouta le concierge, la vente a été faite par M. Petit.