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et de toute sa sagacité pour mener à bonne fin cette expédition.

Comment s’y prendrait-il, quand il serait en présence de cette marquise, pour obtenir des aveux sans réticences, pour lui arracher avec tous les détails de la scène du meurtre, le nom du meurtrier ?

— Il faut, pensait-il, se présenter la menace à la bouche, et lui faire peur, tout est là !… si je lui laisse le temps de se reconnaître, je ne saurai rien.

Il s’interrompit, il arrivait devant l’hôtel de la marquise d’Arlange, charmante habitation bâtie entre cour et jardin, et avant de pénétrer dans la place, il jugeait indispensable d’en reconnaître l’intérieur.

— C’est donc là, murmurait-il, que je trouverai le mot de l’énigme. Là, derrière ces riches rideaux de mousseline, agonise d’effroi notre fugitive de l’autre nuit. Quelles ne doivent pas être ses angoisses, depuis qu’elle s’est aperçue de la perte de sa boucle d’oreille…

Durant près d’une heure, établi sous une porte cochère, il resta en observation. Il eût voulu entrevoir un des hôtes de cette belle demeure. Faction perdue ! Pas un visage ne se montra aux glaces des fenêtres, pas un valet ne traversa la cour.

Impatienté, il résolut de commencer une enquête aux environs.

Il ne pouvait tenter sa démarche décisive sans avoir une idée des gens qu’il allait trouver.

Quel pouvait être le mari de cette audacieuse, qui s’encanaillait comme dans les romans régence, et courait la pretentaine, la nuit, au cabaret de la Chupin ?

Lecoq se demandait à qui et où s’adresser, quand de