Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dement par le bras, il lui commanda de sortir à l’instant.

— Vous ne pouvez rester ici, lui criait-il, allons, venez !…

Mais la pauvre créature était tout éperdue, défaillante d’émotion, plus tremblante que la feuille. Hors son mari, elle était incapable de rien voir, de rien entendre. Retrouver ce misérable qu’elle adorait, quel ravissement ! Mais pourquoi reculait-il, pourquoi lui lançait-il des regards farouches ?

Elle voulait parler, s’expliquer… Elle se débattit donc un peu, oh ! bien peu, assez cependant pour recueillir la phrase de Polyte, qui entra dans son cerveau comme une balle.

Ce que voyant, le jeune policier la saisit par la taille, la souleva comme une plume, et l’emporta dans la galerie.

Cette scène n’avait pas duré une minute en tout, et M. Segmuller en était encore à formuler une observation, que déjà la porte était refermée et qu’il se retrouvait seul avec Polyte.

— Eh ! eh !… pensait Goguet, frétillant d’aise, voici du nouveau !…

Mais comme ses à-parte ne lui faisaient jamais négliger sa besogne de greffier, il se pencha à l’oreille du juge, pour demander :

— Dois-je inscrire ce qu’a dit en dernier lieu le témoin ?

— Certes ! répondit M. Segmuller, et mot pour mot, s’il vous plaît !

Il s’arrêta ; la porte s’ouvrait une fois encore et livrait