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ouvertes. Dans les couloirs, des huissiers et des garçons de bureaux mal éveillés, se détiraient en échangeant leurs vêtements de ville contre leur costume officiel.

D’autres, en bras de chemise, balayaient et époussetaient, avec mille précautions toutefois, et de façon à ne pas mettre en mouvement des dunes de poussière dont le niveau monte tous les jours.

Par la fenêtre des vestiaires, les loueuses de costumes secouaient les robes des avocats, tristes loques noires en ce moment, toges magiques à l’audience, lorsqu’il s’en échappe des flots d’éloquence et des essaims d’arguments. Dans les cours, quelques petits clercs d’avoué polissonnaient en attendant l’ouverture du greffe ou des bureaux d’enregistrement.

M. Segmuller, qui avait à consulter le procureur impérial, se rendit tout d’abord au parquet. Personne n’était arrivé.

De dépit, il alla s’enfermer dans son cabinet, l’œil sur sa pendule, bien près de s’étonner de la lenteur des aiguilles à se mouvoir.

À neuf heures dix minutes, Goguet, le souriant greffier, parut et fut accueilli par un : « Ah ! vous voici enfin ! » qui dut ne lui laisser aucun doute sur l’humeur du bon juge d’instruction.

Goguet, cependant, était en avance. Goguet, pressé par la curiosité, s’était hâté d’arriver.

Il voulut s’excuser, se disculper, mais M. Segmuller lui ferma la bouche assez vertement pour lui ôter toute envie de répliquer.

— Allons, pensa-t-il, le vent souffle du mauvais côté, ce matin.