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Puis, à la défiance, la colère d’avoir été prise pour dupe, parut succéder.

— Je sais ce que je dis ! déclara-t-elle un peu plus que sèchement. Et ensuite, en voilà assez, n’est-ce pas ?

Reconnaissant qu’il s’était trahi, et honteux de son peu de sang-froid, Lecoq renonça à son accent d’outre-Manche.

— Pardon, dit-il, une question encore. Avez-vous toujours la malle de cet individu ?

— Naturellement.

— Ah !… vous me rendriez un immense service en me la montrant.

— Vous la montrer ! s’écria la blonde hôtesse indignée. Ah ça, pour qui me prenez-vous ?… Que voulez-vous, qui êtes-vous ?…

— Dans une demi-heure vous le saurez, répondit le jeune policier qui comprit l’inutilité de toute espèce d’insistance.

Il sortit brusquement, courut jusqu’à la place de Roubaix, sauta dans une voiture, et donna l’adresse du commissaire du quartier, promettant cent sous, outre la course, au cocher, s’il menait bon train. À ce prix, les maigres rosses volèrent sous le fouet.

Lecoq eut encore du bonheur, le commissaire était chez lui. Lecoq déclina sa qualité, et fut aussitôt conduit devant le magistrat du quartier.

— Ah !… monsieur, s’écria-t-il, venez à mon secours.

Et tout d’une haleine, il se mit à conter juste ce qu’il fallait de l’histoire pour être tiré d’embarras.

Dès qu’il eut fini :

— C’est pourtant vrai ! exclama le commissaire, on