Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trai l’affaire ; il s’en arrangera, et selon ce qu’il décidera, nous agirons. Ma responsabilité, en tout cas, sera à couvert. Ainsi, déliez les jambes de notre pratique et attachez un peu les mains de la mère Chupin, nous les déposerons au poste en passant.

Tous les agents s’empressèrent d’obéir, à l’exception du plus jeune d’entre eux, celui qui avait mérité les éloges du Général.

Il s’approcha de son chef, et lui faisant signe qu’il avait à lui parler, il l’entraîna dehors.

Lorsqu’ils furent à quelques pas de la maison :

— Que me veux-tu ? demanda Gévrol.

— Je voudrais savoir, Général, ce que vous pensez de cette affaire.

— Je pense, mon garçon, que quatre coquins se sont rencontrés dans ce coupe-gorge. Ils se sont pris de querelle, et des propos ils en sont venus aux coups. L’un d’eux avait un revolver, il a tué les autres. C’est simple comme bonjour. Selon ses antécédents et aussi selon les antécédents des victimes, l’assassin sera jugé. Peut-être la société lui doit-elle des remercîments…

— Et vous jugez inutiles les recherches, les investigations…

— Absolument inutiles.

Le jeune agent parut se recueillir.

— C’est qu’il me semble à moi, Général, reprit-il, que cette affaire n’est pas parfaitement claire. Avez-vous étudié le meurtrier, examiné son maintien, observé son regard ?… Avez-vous surpris comme moi…

— Et ensuite ?

— Eh bien !… il me semble, je me trompe peut-être ;