Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah !…

— Oui, et qui vaut plusieurs milliers de francs.

— Tant que ça !…

Cette exclamation était bien dans l’esprit du rôle, mais le meurtrier n’y sut pas mettre la naïveté convenable, ou plutôt il l’exagéra.

Un nomade comme lui, qui avait couru toutes les capitales de l’Europe, ne devait pas s’ébahir tant que cela de la valeur d’un diamant.

Cependant M. Segmuller n’abusa pas de l’avantage remporté.

— Autre chose, dit-il. Quand vous avez jeté votre arme, en criant : Venez me prendre, quelles étaient vos intentions ?…

— Je comptais fuir…

— Par où ?…

— Dame !… monsieur, par la porte, par…

— Oui, par la porte de derrière, fit le juge avec une ironie glaciale. Reste à expliquer comment vous, qui entriez dans ce cabaret pour la première fois, vous aviez connaissance de cette issue.

Pour la première fois, l’œil du prévenu se troubla, son assurance disparut, mais ce ne fut qu’un éclair, et il éclata de rire, mais d’un rire faux, voilant mal son angoisse.

— Quelle farce !… répondit-il, je venais de voir les deux femmes filer par là…

— Pardon !… vous venez de déclarer que vous ne vous êtes pas aperçu du départ des femmes, que vous aviez trop d’ouvrage pour surveiller leurs mouvements.

— Ai-je dit cela ?…