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viction réunies par Lecoq, depuis le flocon de laine, jusqu’à la boucle d’oreille de diamant.

Il lisait et relisait le rapport écrit par Lecoq, et, suivant les phrases diverses, il examinait les objets placés devant lui ou consultait le plan du terrain.

Après non pas cinq minutes, mais une bonne demi-heure, il repoussa son fauteuil.

— Monsieur l’agent, prononça-t-il, monsieur d’Escorval m’avait prévenu par une note en marge du dossier, que vous êtes un homme intelligent et qu’on peut se fier à vous.

— J’ai du moins la bonne volonté.

— Oh ! vous avez mieux que cela ; c’est la première fois qu’on m’apporte un travail aussi complet que votre rapport. Vous êtes jeune ; si vous persévérez, je vous crois appelé à rendre de grands services.

Le jeune policier s’inclina, balbutiant, pâle de plaisir.

— Votre conviction, poursuivit M. Segmuller, devient dès ce moment la mienne. C’était, m’a dit monsieur le procureur impérial, celle de M. d’Escorval. Nous sommes en face d’une énigme, il s’agit de la déchiffrer.

— Oh !… nous y arriverons, monsieur ? s’écria Lecoq.

Il se sentait capable de choses extraordinaires, il était prêt à passer dans le feu, pour ce juge qui l’accueillait si bien. L’enthousiasme qui brillait dans ses yeux était tel que M. Segmuller ne put s’empêcher de sourire.

— J’ai bon espoir, dit-il, moi aussi, mais nous ne sommes pas au bout… Maintenant, vous, depuis hier, avez-vous agi ? Monsieur d’Escorval vous avait-il donné des ordres ?… Avez-vous recueilli quelque nouvel indice ?…