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celle qui m’a donné l’argent, la mal vêtue, avait une main… oh ! mais une main d’enfant, et que malgré sa colère, sa voix était douce comme une musique.

— Avez-vous vu sa figure ?…

— Oh !… si peu…

— Enfin, pouvez-vous me dire si elle est jolie, si elle est brune ou blonde ?…

Tant de questions à la fois étourdissaient le digne cocher.

— Minute !… répondit-il. Dans mon idée, elle n’est pas jolie, je ne la crois pas jeune, mais pour sûr elle est blonde, avec beaucoup de cheveux.

— Est-elle petite ou grande, grasse ou maigre ?

— Entre les deux.

C’était vague.

— Et l’autre, demanda Lecoq, la cossue ?…

— Diable !… pour celle-là, ni vu ni connu, elle m’a paru petite, voilà tout.

— Reconnaîtriez-vous celle qui vous a payé, si on vous la représentait ?

— Dame !… non.

La voiture arrivait au milieu de la rue de Bourgogne ; le cocher arrêta son cheval en disant :

— Attention !… Voici la maison où sont entrées les deux coquines… là.

Retirer le foulard qui lui servait de cache-nez, le plier, le glisser dans sa poche, sauter à terre et entrer dans la maison indiquée, fut pour le jeune policier l’affaire d’un instant.

Dans la loge du concierge une vieille femme cousait.