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Le Café de l’Équilibre fait des affaires d’or.

Lorsque Caldas y entra avec son collègue, les salles regorgeaient de monde. Il y avait bien là cent cinquante jeunes gens, tous employés du ministère.

L’animation était grande ; c’était l’heure de la demi-tasse. Il y avait des allées et des venues. À chaque instant la porte s’ouvrait et quelque nouveau consommateur se glissait dans la salle ; d’autres s’enfuyaient sans prendre même le temps d’essuyer leurs moustaches.

Beaucoup absorbaient leur moka ou avalaient une chope furtive debout, la tête nue, à la hâte : ceux-là n’avaient pas fait le tour du chapeau. On reconnaissait les employés escamotés à leur quiétude ; ces derniers jouaient au billard ou comptaient les cents d’une partie de bézigue en trois mille.

L’entrée de Basquin fut saluée d’un hurrah. Comme il est toujours au café, il est connu de toute l’administration ; même il y avait fait de très-bonnes connaissances qui lui donneront plus tard un coup d’épaule. Des gens en passe de monter très-haut ont pris de lui des leçons de carambolage ; ce garçon arrivera par le billard.

Ce noble jeu est d’ailleurs, par excellence, un jeu administratif ; il a donné à la France un secrétaire