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manches à la façon d’un escamoteur, et de la voix bouffonnement emphatique d’un joueur de gobelets :

— Écoutez bien, jeune homme, dit-il, car je ne parle pas ici pour le reste de l’honorable socilllliété.


LE TOUR DU CHAPEAU
OU
L’ESCAMOTAGE DE L’EMPLOYÉ


Il s’agit d’escamoter un employé sous l’œil de ses supérieurs, et que ceux-ci n’y voient que du feu ! Ça vous paraît difficile, jeune homme, c’est l’enfance de l’art. Mais, me direz-vous : « Malin, comment fais-tu donc ce tour du chapeau ? » Rien n’est plus simple, plus aisé, plus commode et plus naturel. Il fait beau, vous voulez prendre l’air, un petit verre ou une queue de billard : vous faites choix d’un collègue sédentaire, – sédentaire, là gît toute la difficulté – d’un collègue dont la tête soit en rapport avec la vôtre ; vous lui empruntez son gibus et vous filez avec. Vous avez eu soin de laisser le vôtre en évidence sur votre pupitre, avec votre mouchoir et vos gants, si vous en usez. Pendant ce temps-là le chef peut venir, il voit votre chapeau et vous êtes bien noté. Le tour du chapeau est fait, et le vôtre aussi.