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Caldas ne fut ni encouragé, ni récompensé.

Le jour des étrennes arriva. Romain se mêla à la foule des bureaucrates qui va chaque année applaudir au petit discours que fait Son Excellence Monsieur le Ministre. Il envoya quarante-trois cartes à un nombre égal de sommités de l’Administration ; et cependant il ne lui fut pas octroyé un sou.

Le pot au lait de ses espérances fut renversé.

Saint-Adolphe, chef de bureau, avait commis une faute, Caldas fut puni. Rien n’est plus juste. Si Caldas avait fait quelque chose de bien, Saint-Adolphe eût été récompensé.

En présence d’un déficit de cent cinquante francs, Romain songeait très sérieusement à s’arracher les cheveux, lorsque deux agréables surprises compensèrent ce léger mécompte.

Son père lui envoya encore un mandat rouge, et sa pièce, les Oisifs, fut mise en répétition au Théâtre-Français.

Il n’avait donc plus qu’à attendre. Et il attendit, sans trop de contrainte, sans presque sentir l’ennui ; car il avait beau dire, beau faire, le temps critique était passé, il s’habituait.