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jeux, ni les ris. Sa figure glacée ne les intimide pas plus que les mannequins dans les cerisiers n’effarouchent les oiseaux.

Le sous-chef de ce service passe sa vie à porter des paroles de paix des employés au chef de bureau, et réciproquement ; il discute les trêves et les armistices ; c’est le négociateur juré.

L’entrée de Caldas dans ce bureau inaugura une recrudescence de visites et par conséquent de vacarme.

Il amena toute sa clientèle, Jouvard, l’aimable Sansonnet, les bureaucrates Tant-pis et Tant-mieux, Gérondeau, Basquin qui venait quatre fois par jour, et bien d’autres encore.

On comptait sur le rédacteur du Bilboquet pour organiser des scies désopilantes ; mais il se trouva que Romain goûta modérément les excellentes plaisanteries de ses collègues. Ils venaient de faire mourir de chagrin un pauvre vieil employé égaré parmi eux. Ils étaient en train d’en envoyer un autre à Charenton.

Le vieillard qui avait succombé aux farces de ces messieurs était un brave homme, isolé, sans famille, qui n’avait que sa place pour vivre.

Il n’était pas fort, et les employés, qui tous pétillent d’esprit comme on sait, sont impitoyables pour les pauvres d’esprit.