Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cherchait à se rendre bien compte de tous les rouages de l’immense machine bureaucratique. À ses instants perdus il la démontait, cette machine, pour son instruction particulière, à peu près comme on démonte un tourne-broche.

Il y découvrit un mouvement très-simple, fonctionnant très-régulièrement, mais surchargé et entravé par beaucoup de ressorts inutiles et d’engrenages superflus. Peut-être l’Administration n’a-t-elle pu éviter ces mille et une complications dans son mécanisme. Dans les bureaux, qui véritablement sont restés les mêmes depuis Colbert, il s’est toujours trouvé des hommes qui ont su exploiter à leur profit les besoins du moment. La nécessité passée, le bureau créé reste, et pour lui donner alors une apparence d’utilité, on détourne les affaires et on les y fait passer, à peu près comme on fertilise un champ en saignant une rivière.

Le nombre toujours croissant des services tient encore à deux causes :

À la manie qu’a la petite bourgeoisie de pousser ses enfants dans l’Administration. Elle croit leur avoir donné un état libéral quand elle leur a posé une plume derrière l’oreille. Le négociant enrichi s’imagine grandir dans son héritier quand il a réussi à le faire entrer