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Il y a deux ans, il s’est avisé d’annoncer par une lettre imprimée qu’il épousait une demoiselle de dix-sept ans. L’invention de ce mariage imaginaire eut un bon résultat, chacun se dit : « Ah ça, mais il n’est donc pas si vieux ! »

Cette année-ci il a fait part à toute l’Administration de la naissance d’un fils aussi fantastique que son mariage, et tout le monde de s’écrier :

« Voyez-vous, le gaillard ! »

Il a un fils, en effet ; mais ce rejeton, commis principal à l’Équilibre, a quarante-cinq ans.

Quelqu’un disait à ce fils :

— Votre père rajeunit donc tous les ans d’une année ?

— Ne m’en parlez pas, répondit-il ; si cela continue, je serai bientôt plus vieux que lui.