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Telle est la pièce où travaillait Romain ; on en compte quelques-unes de ce genre dans l’Administration. Cela tient au nombre trop grand d’employés qu’on y entasse pour les avoir tous sous la main. Ils étaient là dix qui noircissaient du papier, sans compter le commis principal installé à une table plus élevée, comme un pion de collége.

Cette cohabitation forcée rend l’existence épouvantable ; il en résulte des rapports dignes du Petit-Bicêtre.

Aussi Caldas dut renoncer à faire quoi que ce soit, il imita ses collègues. Impossible de travailler au milieu du bruit. Si par hasard l’un d’eux voulait se mettre à la besogne, les neuf autres commençaient une scie, et à force de tapage lui faisaient vite poser la plume.

Pour tuer le temps, Romain se résigna à observer ses collègues, comme un naturaliste observe à la loupe des helminthes. La collection était variée.

Le plus ennuyeux de tous était un jeune commis répondant au nom de Gobin. Celui-là faisait le désespoir de Caldas, qui ne pouvait ouvrir son pupitre ou remuer une feuille de papier sans l’avoir sur son dos.

Gobin est l’Employé curieux.