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vable, un peu à son mérite, beaucoup à la politique raffinée dont il ne s’est jamais départi un instant.

M. Izarn est le type achevé de

L’EMPLOYÉ QUI SE FAIT PETIT

À quarante ans il est encore petit garçon, très petit garçon ; il feint devant ses supérieurs une timide et respectueuse émotion. Loin de chercher à se faire valoir, il cache ses talents administratifs avec plus de soin que les autres n’en mettent à les étaler. Fait-il quelque chose de bien, de remarquable, il laisse tout l’honneur en rejaillir sur son chef immédiat, et il pousse si loin l’habileté, que celui-ci n’éprouve aucun embarras à se parer des plumes qu’il n’a point trempées dans l’encre.

A-t-il été commis une boulette au contraire, l’employé qui se fait petit n’hésite pas, si étranger qu’il y soit, à en assumer la responsabilité. Il devient le bouc émissaire, tend le dos à tous les reproches, reçoit volontiers les savons, et sans murmurer se laisse laver la tête.

Ce plan de conduite repose sur une connaissance approfondie du cœur humain. L’homme qui, dans un mouve-