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Ne laisse pas écrire une ligne même à son sous-chef ;

Ne supporte pas qu’un de ses employés travaille, et s’il lui en vient un qui soit laborieux, il lui cherche des querelles d’Allemand pour lui faire quitter le bureau.

Cet homme, qui a la manie du travail, se plaît à dire que tous ceux qui l’entourent sont des idiots ; il a si peu confiance en eux qu’il fait tout, absolument tout par lui-même. Il rédige, copie et recopie lui-même, fait les projets, les minutes et les expéditions.

Son sous-chef le déteste ; les employés, qu’il laisse parfaitement libres, ne savent que faire de leur temps.

On les rencontre un peu partout, excepté dans leur bureau. Ils n’aiment point leur chef, et disent qu’il accapare toute la besogne pour les empêcher de se produire.

Le chef qui fait tout est maigre, soigne peu sa tenue, et porte un parapluie en toute saison.

— Je n’irai certainement dans aucun de ces bureaux, se dit Caldas ; l’important pour moi est de rester seul, et, comme je veux faire honneur à l’administration, je vais écrire une pièce pour le Théâtre-Français.