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On connaît la première. Les carottiers de cette catégorie sont de véritables lycéens, heureux de faire la nique à leurs professeurs.

Ils s’échappent du bureau pour courir au café.

Ils s’esquivent afin d’aller fumer un cigare.

Ils prétextent un mal de tête ou un mal de dents les jours de soleil, pour avoir leur demi-journée.

Ils se font adresser une lettre de faire-part, encadrée de noir, pour assister à un service funèbre imaginaire, et ils ne manquent jamais d’aller jusqu’au cimetière.

Ils se font envoyer un commissionnaire pour affaire urgente.

Ils ont tous les huit jours un parent à conduire au chemin de fer.

Ils exploitent en un mot tous les menus détails de la vie ordinaire ; ils mettent les accidents en coupe réglée. Noces, indisposition, baptême, incendie, naissance, garde nationale, prise de voile, déménagement, tirage au sort, enterrement, élections, accouchement, inondation, etc., etc. ; ils savent tirer parti de tout aux dépens de l’administration.

Tels sont les carottiers vulgaires, qui semblent bien mesquins à côté des tireurs de grande carotte.