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— Ah ! tant mieux, s’écria M. Sangdemoy.

— Ah ! tant pis, s’écria M. Bizos.

— Élucidons encore la question, reprit Caldas. Considérons la chose au point de vue de la vie privée. Un employé de l’Équilibre doit-il se marier ?

— Toujours ! fit M. Sangdemoy.

— Jamais ! fit M. Bizos.

— Parlez, dit Romain.

— Le mariage est une chose grave, reprit M. Bizos. On se marie par amour ou pour de l’argent. Mais les mariages d’amour ne sont permis qu’aux millionnaires, qui sont trop raisonnables pour faire cette folie. Donc il vous faut une dot, et les dots ne se jettent pas à la tête des jeunes commis à deux mille quatre. C’est à la fleur du bel âge de cinquante ans que vous pourrez songer à prendre femme. Si vous vous mariez jeune, ce sera avec une fille pauvre ; vous ne mangerez que des pommes de terre dans votre ménage. Si vous vous mariez vieux, vous serez odieux ou ridicule. Dans tous les cas, époux imberbe ou barbon, le métier que vous faites est dangereux pour un mari. Absent toute la journée, votre femme s’ennuie ; et quand une femme s’ennuie…