Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Console-toi, lui souffla-t-elle dans l’oreille, Mont-Saint-Jean m’a payé ma semaine ce matin, j’ai sept francs dix sous, c’est moi qui t’invite.

Krugenstern, à son tour, prit Caldas à part. Il le conjura de ne pas donner sa démission, de patienter ; et comme Romain lui faisait observer qu’il ne pourrait rester trente jours sans manger, ce tailleur-providence lui offrit sa table et lui glissa vingt francs dans la main pour son argent de poche.

Désarmé par tant de générosité, Caldas lui promit de rester dans l’administration.

À ce moment Romain entendit des rires étouffés dans le corridor, et dans la pénombre il aperçut un groupe qui se tenait les côtes.

C’étaient les bons petits camarades de bureau. Ils s’étaient bien gardés de lui apprendre cette retenue du premier mois, afin d’avoir l’agréable spectacle de sa consternation ; et l’événement avait dépassé leur attente.

C’est une mystification qu’à l’Équilibre on réserve toujours à l’innocence du surnuméraire.

Un nouveau personnage apparut tout essoufflé. C’était l’aimable Sansonnet.