il est en branle comme un campanile italien pour la sainte Madone ; à tous les étages le carillon de l’or dit sa chanson.
Cependant tout le personnel est sens dessus-dessous ; les bureaux sont désertés ; on court, on se heurte dans les corridors, on monte, on descend, on s’appelle, on crie ; à la porte aboie la meute des créanciers qui flaire la curée.
Hallali ! hallali !!!
Seul peut-être au milieu de toutes ces joies, le caissier est triste.
C’est son mauvais jour.
Le voyez-vous derrière sa grille, maigre, blême ; son œil a des paillettes jaunes, reflet de l’or qu’il manie à la journée.
Il grogne comme le dogue à qui l’on arrache un os. C’est qu’on lui arrache son or, à lui ; c’est qu’il ne serait pas caissier, s’il n’éprouvait pas une douleur à l’âme de voir s’enfuir tant d’argent. Il est plus pâle ce jour-là que l’homme dont on a coupé les veines et qui voit se tarir sa vie avec son sang.
Il grogne, le caissier ; il est d’une humeur massacrante ; il a des paroles bourrues, des regards haineux.