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Sainte Touche, soyez-moi propice ! vous savez avec quelle impatience ma femme attend cette jolie robe de soie qui plaira tant à son cousin Alfred, cette robe de soie qui me ramènera peut-être un quart de lune de miel.

Sainte Touche, écoutez-nous ! le propriétaire s’impatiente, le restaurateur ne veut plus faire crédit, le limonadier demande de l’argent.

Sainte Touche, priez pour nous ! les créanciers hurlent à nos chausses.

Sainte Touche, ayez pitié de nous !

Sainte Touche, exaucez-nous !

Sainte Touche a entendu toutes ces voix éplorées qui criaient du fond de l’abîme…

Et c’est aujourd’hui le jour de sa fête.

Dès hier les employés étaient plus frais, plus gais, plus dispos ; beaucoup ont parlé de travailler, quelques-uns même ont essayé de se mettre à la besogne.

Tous bâtissaient leurs châteaux en Espagne ; ils dépensaient l’argent de leur mois. Les hommes d’ordre, avec un crayon, faisaient leurs petits calculs sur un coin de leur sous-main.

Ceux qui ont des dettes s’ingéniaient à trouver un