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sant auquel on l’adressa ; et sans l’écriture qui vous a nui beaucoup, vous étiez reçu le premier, hors ligne ; mais vous écrivez si mal que vous vous êtes trouvé rejeté à la quatre-vingt-troisième place.

— Et quand aurai-je un emploi ? demanda Caldas.

— Mais à votre tour ; vous avez le numéro neuf mille cent quatre-vingt-sept.

— Ciel ! s’écria Romain épouvanté, j’aurai cent ans quand mon tour viendra.

— Pardon, dit l’employé, depuis l’examen il y a eu cinq nominations.

Romain salua poliment et se retira fort édifié.

Renonçant à dîner du budget, Caldas ne songea plus qu’à déjeuner de la littérature. Dès le lendemain, il envoyait au Bilboquet, journal de banque et de littérature mêlées, un article de haute fantaisie, qui fit le succès du numéro et lui fut payé un franc trente-cinq centimes.

Attaché à poste fixe à cet organe sérieux, il ne tarda pas à voir se développer devant lui les resplendissants horizons de la fortune et de la gloire.

Un quart de vaudeville reçu au théâtre de Grenelle mit le sceau à sa réputation.