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tère, si j’avais su qu’on donnât aux employés ce meuble magnifique.

Aussitôt il vida dans l’élégant portefeuille ses poches de littérateur bohême ; il y mit toutes ses notes ; ses poésies fugitives, madrigaux, bouquets à Chloris, sonnets, rondeaux, triolets, nouvelles à la main ; ses essais dramatiques consistant en trois titres de comédie, un prologue de drame, et un plan de vaudeville ; enfin les trente premiers feuillets d’un roman réaliste, les Coliques de miserere.

Mais il ne lui vint pas à l’idée d’y glisser quoi que ce fût de ses fournitures.

Et c’est ici le lieu de protester contre une atroce calomnie. D’aucuns prétendent que les employés de l’Équilibre ne craignent point d’exporter la plus grande partie de leurs fournitures soit pour leur usage privé, soit pour celui de leurs amis. Rien n’est plus faux. Jamais on n’a pratiqué de razzias de ce genre à l’Équilibre, et les employés aimeraient mieux se chauffer tout l’hiver avec le papier de l’administration que d’en emporter une seule feuille chez eux.

Le lendemain, arrivé avant tout le monde, Caldas se hâta de préparer son travail, et, sur le coup de deux heures, il fut heureux d’inscrire sur la première chemise le nom du premier des Dubois ; successivement il inscrivit :