Page:Gaboriau - Le Petit vieux des Batignolles, 1876.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Maintenant, poursuivit M. Méchinet, quel espèce d’homme était ce sieur Pigoreau, dit Anténor ?

Oh ! la crème des hommes, cher bon monsieur, répondit la concierge… Il était bien tracassier, maniaque, grigou comme il n’est pas possible, mais il n’était pas fier… Et si drôle, avec cela !… On aurait passé ses nuits à l’écouter, quand il était en train… C’est qu’il en savait de ces histoires ! Pensez donc, un ancien coiffeur, qui avait, comme il disait, frisé les plus belles femmes de Paris…

— Comment vivait-il ?

— Comme tout le monde… Comme les gens qui ont des rentes, s’entend, et qui cependant tiennent à leur monnaie.

— Pouvez-vous me donner quelques détails ?

— Oh ! pour cela, je le pense, vu que c’est moi qui avais soin de son ménage… Et cela ne me donnait guère de peine, car il faisait presque tout, balayant, époussetant et frottant lui-même… C’était sa manie, quoi ! Donc, tous les jours que le bon Dieu faisait, à midi battant, je lui montais une tasse de chocolat. Il la buvait, il avalait par-dessus un grand verre d’eau, et c’était son déjeu-