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MAUDITE MAISON

phe épouvantable. On ne dormait plus. On organisa des patrouilles.

Les domestiques terrifiés voulaient absolument quitter cette maudite maison, ils demandaient pour rester qu’on triplât leurs gages.

Bernard n’était plus que l’ombre de lui-même, la fièvre de la peur l’avait maigri. Mademoiselle Bernard délaissa son piano.

— Non, répétait la portière à chaque congé nouveau, non, ce n’est pas naturel !

Cependant, vingt-trois écriteaux se balançant à la façade de la maison, amenèrent des amateurs en quête d’un logement.

Bernard, sans maugréer, montait les escaliers et faisait visiter les appartements.

— Vous pouvez choisir, disait-il aux gens qui se présentaient, la maison entière est vacante. Tous les locataires ont donné congé, en masse, comme un seul homme. On ne sait rien au juste, mais il se passe des choses, oh ! mais des choses !… Un mystère, quoi ! une histoire comme on n’en a jamais vu !… Pour tout dire, le propriétaire diminue ses loyers !

Et les chalands venus pour louer s’enfuyaient épouvantés.