ployé aux pompes funèbres, et de Caroline Piedlent, sa femme.
Le prévenu eut un geste d’impatience. Il ne comprenait pas que le juge en ce moment tenait surtout à lui prouver que rien n’échappe à la police.
— Palmyre Chocareille, continua-t-il, a été mise à douze ans en apprentissage chez un fabricant de chaussures, et elle y est restée jusqu’à seize ans. Les renseignements font défaut pendant une année. À dix-sept ans, elle entre en qualité de domestique chez les époux Dombas, épiciers, rue Saint-Denis, et y reste trois mois. Elle traverse cette même année, — 1857 — huit ou dix places. En 1858, lasse du service, elle entre comme demoiselle chez un marchand d’éventails du passage Choiseul.
Tout en lisant, le juge d’instruction observait Prosper, cherchant sur son visage l’effet produit par ses révélations.
— À la fin de 1858, poursuivit-il, la fille Chocareille entre au service d’une dame Nunès et part avec elle pour Lisbonne. Combien de temps reste-t-elle en Portugal ? qu’y fait-elle ? Mes rapports sont muets à cet égard. Ce qui est certain, c’est qu’en 1861 elle était de retour à Paris, et y était condamnée par le tribunal de la Seine à trois mois de prison pour coups et blessures. Ah ! elle rapportait de Portugal le nom de Nina Gypsy.
— Mais, monsieur, essaya Prosper, je vous assure…
— Oui, je comprends ; cette histoire est moins romanesque, sans doute, que celle qui vous a été contée ; elle a le mérite d’être vraie. Nous perdons Palmyre Chocareille, dite Gypsy, à sa sortie de prison. Mais nous la retrouvons six mois plus tard, ayant fait connaissance d’un commis voyageur, nommé Caldas, qui s’était épris de sa beauté, et lui avait meublé un appartement près de la Bastille. Elle vivait avec lui, et portait son nom, lorsqu’elle l’a quitté pour vous suivre. Avez-vous ouï parler de ce Caldas.
— Jamais, monsieur…
— Cet infortuné aimait tant cette créature, qu’à la