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qui s’intitulent artistes dramatiques et qui déshonorent les théâtres sur lesquels elles se montrent, qui ont cent écus d’appointements et qui ont des chevaux et des voitures, — chez la fille Wilson.

— C’est vrai, monsieur.

— On joue gros jeu chez la fille Wilson ?

— Quelquefois.

— Du reste, vous avez l’habitude de ces sortes de réunions. Ne vous êtes-vous pas trouvé mêlé à une aventure scandaleuse qui avait eu lieu chez une femme de ce genre, nommée Crescenzi ?

— C’est-à-dire que j’ai été appelé à déposer, ayant été témoin d’un vol.

— En effet, le jeu mène au vol. Et chez la fille Wilson, n’avez-vous pas joué au baccarat tournant, et n’avez-vous pas perdu 1,800 francs ?

— Pardon, monsieur, 1,100 seulement.

— Soit. Vous aviez payé dans la matinée un billet de mille francs ?

— Oui, monsieur.

De plus, il restait 500 francs dans votre secrétaire et quand on vous a arrêté vous aviez dans votre porte-monnaie 400 francs. Soit en tout, en vingt-quatre heures, quatre mille cinq cents francs…

Prosper était non pas décontenancé, mais stupéfait. Ne se doutant pas des puissants moyens d’investigations dont dispose le parquet de Paris, il se demandait comment en si peu de temps le juge avait pu être si exactement renseigné.

— Vos informations sont exactes, monsieur, dit-il enfin.

— D’où vous venait donc cet argent, alors que la veille même vous étiez assez à court pour remettre le paiement d’une facture peu importante ?

— Monsieur, ce jour que vous dites, j’ai vendu, par l’intermédiaire d’un agent de change, quelques titres que j’avais, moyennant 3,000 francs ; j’ai de plus pris à ma caisse, en avance sur mes appointements, 2,000 francs. Je n’ai rien à dissimuler.