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la main sur un billet d’amoureux, s’inquiétant moins de soi que de la femme aimée.

Il avait beau se creuser la cervelle, il ne découvrait, à cette lettre, aucune signification précise, aucun sens déterminé. Elle ne prouvait rien, ni pour ni contre celui qui l’avait écrite.

Ces deux mots : « tout absolument » étaient, il est vrai, soulignés, mais on pouvait les interpréter de tant de façons !…

Cependant, l’agent de la sûreté crut devoir poursuivre.

— Cette Mme  Nina Gypsy, demanda-t-il à Cavaillon, est sans doute une amie de M. Prosper Bertomy ?

— C’est sa maîtresse.

— Ah ! et elle demeure là, au no 39 ?

— Vous le savez bien, puisque vous m’avez vu entrer.

— Je m’en doutais en effet, cher monsieur, et, dites-moi, est-ce à son nom qu’est loué l’appartement qu’elle occupe ?

— Non, elle habite chez Prosper.

— Parfait. Et à quel étage, s’il vous plaît ?

— Au premier.

M. Fanferlot avait replié soigneusement le billet dans ses plis, il le glissa dans sa poche.

— Mille remercîments, cher monsieur, dit-il, de vos bons renseignements ; en échange, si vous le voulez bien, je vous éviterai la course que vous alliez faire.

— Monsieur !…

— Oui, avec votre permission, je remettrai moi-même cette lettre à Mme  Nina Gypsy.

Cavaillon essaya une certaine résistance, il voulut discuter, mais M. Fanferlot était pressé, il coupa court à ses observations :

— Je vais oser, cher monsieur, lui dit-il, vous donner un conseil que je crois bon. À votre place, je retournerais bien paisiblement à mon bureau et je ne me mêlerais plus, oh ! plus du tout de cette affaire.

— Mais, monsieur, Prosper a été mon protecteur, il m’a tiré de la misère, il est mon ami.