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— Très-bien, faisait M. Verduret en inventoriant tout ce que lui remettait Raoul, très-bien, voilà qui est agir sagement.

Raoul avait bien compté sur ce moment d’attention. Doucement, en retenant sa respiration, il gagna la porte, l’ouvrit vivement et disparut, la refermant sur lui, car la clé était restée dehors.

— Il fuit !… s’écria M. Fauvel.

Naturellement, répondit M. Verduret, sans daigner tourner la tête, je pensais bien qu’il aurait cet esprit-là.

— Cependant…

— Quoi !… voulez-vous ébruiter tout ceci ? Tenez-vous à raconter devant la police correctionnelle de quelles scélératesses votre femme a été victime…

— Oh !… monsieur !…

— Laissez donc fuir ce misérable, alors. Voici les 350,000 fr. volés, le compte y est. Voici toutes les reconnaissances des objets engagés par lui. Tenons-nous pour satisfaits. Il emporte une cinquantaine de mille francs encore, tant mieux. Cette somme lui permet de passer à l’étranger, nous n’entendrons plus parler de lui…

Comme tout le monde, M. Fauvel subissait l’ascendant de M. Verduret.

Peu à peu, il était revenu au sentiment de la réalité, des perspectives inespérées s’ouvraient devant lui, il comprenait qu’on venait de lui sauver mieux que la vie.

L’expression de sa gratitude ne se fit pas attendre. Il saisit les mains de M. Verduret presque comme s’il eût voulu les porter à ses lèvres, et de la voix la plus émue, il dit :

— Comment vous prouver jamais l’étendue de ma reconnaissance, monsieur ?… Comment reconnaître le service immense que vous m’avez rendu ?…

M. Verduret réfléchissait.

— S’il en est ainsi, commença-t-il, j’aurais une grâce à vous demander.

Une grâce, vous !… à moi ? Parlez, monsieur, par-