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Voilà lord Murray au désespoir, et comme il n’avait pas d’enfants, il déclara qu’il entendait se charger de l’avenir du fils de Spencer, lequel fils avait alors quatre ans.

Le lord tint parole. James Spencer fut élevé comme l’héritier d’un grand seigneur. C’était un enfant charmant, heureusement doué d’un extérieur séduisant, ayant une intelligence vive et nette.

Jusqu’à seize ans, James donna à son protecteur toutes les satisfactions imaginables. Malheureusement, il fit, à cet âge, de mauvaises connaissances et ma foi ! tourna mal.

Lord Murray qui était l’indulgence même, pardonna bien des fautes, mais un beau jour, ayant découvert que son fils adoptif s’amusait à imiter sa signature sur des lettres de change, indigné, il le chassa.

Or, il y avait quatre ans que James Spencer vivait à Londres du jeu et de diverses autres industries, lorsqu’il rencontra Clameran qui lui offrit 25,000 fr. pour jouer un rôle dans une comédie de sa façon…

Raoul n’avait pas besoin d’en entendre davantage.

— Vous êtes un agent de la police de sûreté ? demanda-t-il.

Le gros homme eut un bon sourire.

— En ce moment, répondit-il, je ne suis qu’un ami de Prosper. Selon que vous agirez, je serai ceci ou cela.

— Qu’exigez-vous ?

— Où sont les 350,000 fr. volés ?

Le jeune bandit hésita un moment.

— Ils sont ici, répondit-il enfin.

— Bien !… cette franchise vous sera comptée. En effet, les 350,000 fr. sont ici ; je le savais, et je sais aussi qu’ils sont cachés dans le bas du placard que voici. Restituez-vous ?…

Raoul comprit que sa partie était perdue, il courut au placard et en retira plusieurs liasses de billets de banque et un énorme paquet de reconnaissances du Mont-de-Piété.