Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/490

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il ne vit, il ne retint qu’une chose : la lettre anonyme mentait.

— Ma femme avoue qu’elle est coupable ! murmura-t-il.

— Oui, elle l’est, répondit M. Verduret, mais non comme vous l’entendez. Savez-vous quel est cet homme que vous vouliez tuer ?

— Son amant !…

— Non… mais son fils !…

La présence de cet inconnu si bien informé semblait confondre Raoul et l’épouvanter plus encore que les menaces de M. Fauvel. Cependant, il eut assez de présence d’esprit pour répondre :

— C’est vrai !

Le banquier semblait près de devenir fou, et ses yeux hagards allaient de M. Verduret à Raoul, puis à sa femme, plus affaissée que le criminel qui attend un arrêt de mort.

Tout à coup, l’idée qu’on voulait se jouer de lui traversa son cerveau.

— Ce que vous me dites n’est pas possible ! s’écria-t-il ; des preuves !

— Des preuves, répondit M. Verduret, vous en aurez ; mais pour commencer, écoutez.

Et, rapidement, avec sa merveilleuse faculté d’exposition il esquissa à grands traits le drame qu’il avait découvert.

Certes, la vérité était affreuse encore pour M. Fauvel ; mais qu’était-elle, près de ce qu’il avait soupçonné !

Aux douleurs ressenties, il reconnaissait qu’il aimait encore sa femme. Ne pouvait-il pardonner une faute lointaine, rachetée par une vie de dévoûment et noblement expiée ?

Depuis plusieurs minutes, déjà, M. Verduret avait achevé son récit, et le banquier se taisait.

Tant d’événements, qui se précipitaient depuis quarante-huit heures, irrésistibles comme l’avalanche, l’hor-