— Par pitié, André, gémissait-elle, laisse-moi tout te dire, ne le tue pas.
Cet élan de l’amour maternel, M. Fauvel le prit pour le cri de la femme adultère défendant son amant.
Avec une brutalité inouïe, il saisit sa femme par le bras et la jeta de côté, en criant :
— Arrière !…
Mais elle revint à la charge, et se précipitant sur Raoul elle l’étreignit entre ses bras en disant :
— C’est moi qu’il faut tuer, moi seule, car seule je suis coupable.
À ces mots, un flot de sang monta à la tête de M. Fauvel, il ajusta ce groupe odieux et fit feu.
Ni Raoul ni Mme Fauvel ne tombant, le banquier fit feu une seconde fois, puis une troisième…
Il armait son revolver pour la quatrième fois quand un homme tomba au milieu de la chambre, qui arracha l’arme des mains du banquier, l’étendit sur un canapé et se précipita vers Mme Fauvel.
Cet homme était M. Verduret, que Cavaillon avait enfin trouvé et prévenu, mais qui ne savait pas que Mme Gypsy avait retiré les balles du revolver de M. Fauvel.
— Grâce au ciel ! s’écria-t-il, elle n’a pas été touchée.
Mais déjà le banquier s’était relevé.
— Laissez-moi, faisait-il en se débattant, je veux me venger !…
M. Verduret lui saisit les poignets, qu’il serra à les briser, et, approchant son visage du sien comme pour donner à ses paroles une autorité plus grande :
— Remerciez Dieu, lui dit-il, de vous avoir épargné un crime atroce ; la lettre anonyme vous a trompé.
Les situations exorbitantes ont ceci d’étrange, que les événements excessifs qui en procèdent semblent naturels aux acteurs qui y sont mêlés et dont la passion a déjà brisé le cadre des conventions sociales.
M. Fauvel ne songea à demander à cet homme survenu tout à coup, ni qui il était ni d’où il tenait ses informations.