Raoul, qui avait beaucoup vu, avait précisément assez retenu pour savoir au juste à quoi s’en tenir sur ces honorables héros qui étalent leurs états de service sur le velin des cartes de visite.
Ce qui ne l’empêcha pas, l’insulte ayant eu de nombreux témoins, de prier deux jeunes gens de sa société, de vouloir bien se transporter le lendemain, de bon matin, chez M. Jacobson, pour régler avec lui les conditions d’une rencontre.
Il fut convenu que ces messieurs viendraient rendre compte à Raoul de l’issue de leur mission, non chez lui, au Vésinet, mais à l’hôtel du Louvre, où il se proposait de coucher.
Tout étant bien arrêté, Raoul sortit. Flairant un piége, il voulait en avoir le cœur net.
Agile et expérimenté, il se mit sur-le-champ en campagne, en quête de renseignements.
Ceux qu’il obtint, non sans quelque peine, ne furent ni brillants, ni surtout rassurants.
M. Jacobson, qui demeurait dans un hôtel de louche apparence, habité surtout par des dames de mœurs plus que légères, lui fut représenté comme un gentleman excentrique, dont l’existence paraissait un problème fort difficile à résoudre.
Il régnait despotiquement, lui apprit-on, dans une table d’hôte voisine, sortait beaucoup, rentrait tard et ne semblait guère avoir d’autre capital que ses états de service, ses talents de société et une notable quantité d’expédients en tous genres.
— Dès lors, pensa Raoul, quel but poursuit cet individu en me cherchant querelle. Quel avantage retirera-t-il d’un coup d’épée qu’il me donnera ? Aucun en apparence ? Sans compter que son humeur batailleuse peut éveiller les susceptibilités tracassières de la police ; qu’il doit avoir à cœur de ménager. Donc il a pour agir comme il l’a fait des raisons que je ne discerne pas ; donc…
Cette petite enquête, rondement et habilement menée,