respondant, une dépêche télégraphique détaillée, par laquelle il demandait d’exacts renseignements sur la famille de Lagors et sur Raoul en particulier.
Enfin, se conformant aux conseils de la dénonciation anonyme, il courut à la Préfecture de police, espérant y trouver une biographie de Clameran.
Mais la police, c’est un bonheur pour beaucoup de gens, est discrète comme la tombe même. Ses secrets, elle les garde pour elle seule, comme un avare son trésor. Il faut une injonction du parquet pour faire parler les terribles cartons verts qu’elle garde au fond d’une galerie cadenassée comme un coffre-fort.
On demanda poliment à M. Fauvel quelles raisons le poussaient à s’informer du passé d’un citoyen français ; et comme il ne pouvait les déduire, on l’engagea à s’adresser au procureur impérial.
Cette insinuation, il ne pouvait l’accepter. Il avait juré que le secret de ses infortunes resterait entre les trois intéressés. Mortellement offensé, il voulait être le seul juge et l’exécuteur.
Il rentra chez lui plus irrité qu’à son départ, et il trouva la dépêche de Saint-Remy répondant à la sienne :
« La famille de Lagors, lui disait-on, comme on l’avait dit à M. Verduret, est dans la dernière des détresses, et personne n’y connaît le sieur Raoul. Mme de Lagors n’a eu de son mariage que des filles, etc… »
Cette révélation, c’était la dernière goutte d’eau qui fait verser la coupe. Le banquier pensa qu’il lui était donné de mesurer la profondeur de l’infamie de sa femme. Il lui voyait un raffinement de duplicité plus affreux peut-être que le crime lui-même.
— La misérable ! s’écria-t-il, fou de douleur et de rage, la misérable ! Pour voir plus librement son amant, pour ne jamais le perdre de vue, elle a osé me le présenter sous le nom d’un neveu qui n’a jamais existé. Elle a eu l’inconcevable impudeur de lui ouvrir ma maison, de le faire asseoir au foyer conjugal entre moi et nos fils. Et moi, honnête homme imbécile, mari confiant et cré-