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fortune ; Valentine, cette femme qui lui était devenue de plus en plus chère, à mesure qu’ils avaient vieilli ensemble ; cette épouse, incomparable en apparence, le trahissait !…

Elle le trompait… elle… la mère de ses fils !

Cette dernière pensée surtout révoltait tout son être jusqu’au dégoût.

Ses fils !… Amère dérision ! Étaient-ils bien à lui ? Celle qui maintenant, lorsque déjà des cheveux blancs argentaient ses tempes, le trompait, ne l’avait-elle pas trompé autrefois ?

Et non-seulement il était torturé dans le présent, mais il souffrait dans le passé, payant par des angoisses inouïes de quelques minutes des années de félicité, transporté de fureur au souvenir de certaines joies intimes, comme un homme qui tout à coup apprendrait que les vins exquis dont il s’est enivré renfermaient du poison.

Car c’est ainsi, la confiance n’admet ni accommodements ni gradations, elle est ou elle n’est pas.

Et lui, il n’avait plus confiance.

Tous les rêves, toutes les espérances de cet homme si malheureux reposaient sur l’amour de cette femme. Découvrant, à ce qu’il croyait, qu’elle était indigne de lui, il n’admettait nulle possibilité de bonheur et il se demandait à quoi bon vivre désormais et pour quelle fin.

Cependant l’état de prostration de M. Fauvel dura peu. Le feu de la colère eut vite séché ses larmes et il se redressa altéré de vengeance décidé à faire payer cher son bonheur détruit.

Mais il comprenait que sur ce seul indice des diamants introuvables, il ne pouvait s’abandonner aux inspirations de son ressentiment.

Heureusement, il pouvait sans peine se procurer d’autres preuves.

Pour commencer, il appela son valet de chambre et lui enjoignit de ne remettre qu’à lui seul, le maître, toutes les lettres qui arriveraient à la maison.

Puis il adressa à un notaire de Saint-Remy, son cor-