pas dans la salle à manger, comme il avait coutume de le faire ; il passa dans son cabinet, prétextant un travail urgent.
Il poussa la précaution jusqu’à se faire suivre de son fils, Lucien, qu’il chargea d’une commission. Il voulait rester seul à la maison.
Enfin, au bout d’une demi-heure, qui lui parut un siècle, il entendit le roulement d’une voiture sous la voûte d’entrée. Mme Fauvel et sa nièce sortaient.
Sans plus attendre, il se précipita dans la chambre de sa femme, et ouvrit le tiroir du chiffonnier où elle serrait ses parures.
Beaucoup des écrins qu’il lui connaissait manquaient, ceux qui restaient, — il y en avait dix ou douze, — étaient vides.
La lettre anonyme disait vrai.
Cette certitude éclata, comme un obus dans le cerveau de M. Fauvel. Et cependant !…
— Non, balbutia-t-il, non, ce n’est pas possible !
Aussitôt, avec le fol acharnement de l’angoisse et comme si, condamné à mort, il eût eu l’espoir de trouver sa grâce, il se mit à fouiller partout, à chercher dans tous les meubles, avec un certain ordre cependant, prenant bien garde de ne pas laisser de traces de ses perquisitions.
Mme Fauvel, il le comprenait vaguement, pouvait avoir changé ses bijoux de place, en avoir donné quelques-uns à raccommoder ou à remonter.
Rien, il ne trouvait, rien !…
Alors il se souvint du grand bal qu’avaient donné les MM. Jandidier. Lui, vaniteux, il avait dit à sa femme :
— Pourquoi ne mets-tu pas tes diamants ?
Elle avait répondu en souriant :
— À quoi bon ? tout le monde les connaît : en n’en portant pas, je serai mieux remarquée ; d’ailleurs, ils n’iraient pas avec mon costume.
Oui, elle lui avait dit cela sans se troubler, sans rougir, sans un tremblement dans la voix.