Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/442

Cette page a été validée par deux contributeurs.

à Raoul d’employer au moins une partie de l’argent volé à dégager les bijoux arrachés à la faiblesse de sa mère. Elle s’ouvrit de ce projet à sa tante, en lui disant :

— Assigne un rendez-vous à Raoul, il n’osera te refuser, et j’irai…

Et en effet, le surlendemain, la courageuse fille prit un fiacre, et, malgré un temps épouvantable, se rendit au Vésinet.

Elle ne se doutait pas alors que M. Verduret et Prosper la suivaient, et que, hissés sur une échelle, ils étaient témoins de l’entrevue.

Cette tentative hardie de Madeleine fut d’ailleurs inutile. Raoul déclara qu’il avait partagé avec Prosper ; que sa part à lui était dissipée, et qu’il se trouvait sans argent.

Même, il ne voulait pas rendre les reconnaissances, et il fallut que Madeleine insistât énergiquement pour s’en faire donner quatre ou cinq, d’objets indispensables et d’une valeur minime.

Ce refus, Clameran l’avait ordonné, imposé. Il espérait que dans un moment de détresse suprême on s’adresserait à lui.

Raoul avait obéi, mais seulement après une altercation violente dont Joseph Dubois, le nouveau domestique de Clameran, avait été témoin.

C’est que les deux complices étaient alors au plus mal ensemble. Clameran cherchait un moyen, sinon honnête au moins peu dangereux, de se défaire de Raoul, et le jeune bandit avait comme un pressentiment des amicales intentions de son compagnon.

Seule, la certitude d’un grand danger pouvait les réconcilier, et cette certitude, ils l’eurent au bal des MM. Jandidier.

Quel était ce mystérieux paillasse qui, après ses transparentes allusions aux malheurs de Mme  Fauvel, avait dit à Louis d’un ton si singulier :

— Je suis l’ami de votre frère Gaston.

Ils ne pouvaient le deviner, mais ils reconnurent si