et on avait toutes les peines du monde à leur faire accepter des à-compte. Quelques-uns menaçaient d’aller trouver le banquier. Hélas ! Mme Fauvel était en face d’un déficit de près de 15,000 francs.
D’un autre côté, Madeleine et sa tante, qui, tout l’hiver, s’étaient abstenues de sortir pour éviter des dépenses de toilette, allaient se trouver obligées de paraître au bal que préparaient les MM. Jandidier, des amis intimes de M. Fauvel.
Comment paraître à ce bal, qui, pour comble de malheur, était un bal travesti, et où prendre de l’argent pour les costumes ?…
Car elles en étaient là, dans leur inexpérience des vulgaires et cependant atroces difficultés de la vie, ces femmes qui ignoraient ce qu’est la gêne, qui toujours avaient marché les mains pleines d’or.
Il y avait un an qu’elles n’avaient payé la couturière ; elles lui devaient une certaine somme. Consentirait-elle à faire encore un crédit ?
Une nouvelle femme de chambre, nommée Palmyre Chocareille, qui entra au service de Madeleine, les tira d’inquiétude.
Cette fille, qui semblait avoir une grande expérience des petites misères, qui sont les seules sérieuses, devina peut-être les soucis de ses maîtresses.
Toujours est-il que, sans en être priée, elle indiqua une couturière très-habile, qui débutait, qui avait des fonds, et qui serait trop heureuse de fournir tout ce qu’il faudrait, et encore d’attendre pour le paiement, récompensée d’avance par cette certitude que la clientèle des dames Fauvel la ferait connaître et lui amènerait d’autres pratiques
Mais ce n’était pas tout. Ni Mme Fauvel, ni sa nièce ne pouvaient se rendre à ce bal sans un bijou.
Or, toutes leurs parures, sans exception, avaient été prises et engagées au Mont-de-Piété par Raoul qui avait gardé les reconnaissances.
C’est alors que Madeleine eut l’idée d’aller demander