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— Qu’est-ce que cette exigence nouvelle ? s’écria le banquier.

Et aussi irrité que possible, ne voyant nul motif de se contenir, il descendit.

M. de Clameran attendait, debout, dans la première pièce, celle qui précède la caisse. M. Fauvel alla droit à lui :

— Que désirez-vous encore, monsieur ? demanda-t-il brutalement ; on vous a payé, n’est-ce pas ? j’ai votre reçu.

À la grande surprise de tous les employés et du banquier lui-même, le marquis ne sembla ni ému ni choqué de l’apostrophe.

— Vous êtes dur pour moi, monsieur, répondit-il, d’un ton de déférence étudiée, sans humilité cependant, mais je l’ai mérité. C’est même pour cela que je suis venu. Un galant homme souffre toujours quand il s’est mis dans son tort, c’est mon cas, monsieur, et je suis heureux que mon passé me permette de l’avouer hautement sans risquer d’être taxé de faiblesse. Si j’ai insisté pour vous parler ici et non dans votre cabinet, c’est qu’ayant été parfaitement inconvenant devant vos employés c’est devant eux que je vous prie d’agréer mes excuses.

La conduite de Clameran était si inattendue, elle contrastait tellement avec ses hauteurs accoutumées que c’est à peine si le banquier trouva au service de son étonnement quelques paroles banales.

— Oui, en effet, je l’avoue, vos insinuations, certains doutes…

— Ce matin, poursuivit le marquis, j’ai eu un moment d’excessif dépit dont je n’ai pas été le maître. Mes cheveux grisonnent, c’est vrai, mais quand je suis en colère je suis violent et inconsidéré comme à vingt ans. Mes paroles, croyez-le, ont trahi ma pensée intime, et je les regrette amèrement.

M. Fauvel, très-emporté lui-même et excellent en même temps, devait mieux que tout autre apprécier la conduite