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jours, de très-bonne heure, à l’ouverture des bureaux ; ils passeront la nuit dans la caisse.

— Quelle idée ! s’écria Raoul stupéfait.

C’était une idée, en effet, et les deux complices passèrent de longues heures à l’examiner, à la creuser, à en étudier le fort et le faible.

Raoul craignait, de la part de Mme Fauvel, une résistance invincible. Vaincue, n’irait-elle pas tout avouer, plutôt que de laisser assassiner moralement un innocent.

Mais cela, Louis ne le redoutait pas.

— Le sacrifice, répondit-il, appelle le sacrifice, elle a trop fait pour ne pas se résigner à tout. Elle nous a abandonné Madeleine, sa fille adoptive, elle nous abandonnera un garçon qui n’est, après tout, qu’un étranger pour elle.

— Soit ; mais aux yeux de Madeleine Prosper ne sera pas déshonoré ; par conséquent…

— Tu n’es qu’un enfant, mon neveu !…

Désormais le plan était complet, facilement réalisable.

— Si c’est bien le vrai mot qu’a dit Prosper, murmura Raoul, il est perdu !…

Il ne restait plus aux deux complices qu’à arrêter leurs dispositions dernières et à fixer le jour de leur abominable tentative.

Après mûres réflexions, après avoir minutieusement calculée toutes les chances bonnes ou mauvaises, ils arrêtèrent que le crime serait commis dans la soirée du lundi 7 février.

S’ils choisissaient ce soir-là, c’est que Raoul savait que M. Fauvel devait dîner chez un financier de ses amis et que Madeleine était invitée à une réunion de jeunes filles.

À moins d’un contre-temps, Raoul, en se présentant à l’hôtel Fauvel sur les huit heures et demie, devait trouver sa mère seule.

Aujourd’hui même, conclut Clameran, je vais demander à M. Fauvel de tenir mes fonds prêts pour mardi.