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— Alors, oncle vénéré, quelle sera ma part ? Oh ! tu sais, pas de protestations oiseuses. Que m’offres-tu en cas de succès ? Quoi ! si nous échouons ?

— Tu auras, je te l’ai dit, 25,000 livres de rentes, et tout ce que tu obtiendras d’ici mon mariage sera pour toi seul.

— Bien, ces conditions me vont ; où sont tes garanties ?

Amenée sur ce terrain, la question devait être longue et difficile à régler. Les deux complices se connaissaient ; ils avaient pour se défier l’un de l’autre les meilleures raisons.

— Que crains-tu ? répétait Clameran.

— Tout, répondait Raoul. À qui demander justice, si tu me trompes ? Au joli petit poignard que voici ? Non, merci, on me ferait payer ta peau aussi cher que celle d’un honnête homme.

Enfin, après d’interminables débats, tout fut réglé à leur commune satisfaction, et ils se séparèrent avec force poignées de main.

Hélas ! Mme Fauvel et sa nièce ne devaient pas tarder à ressentir les effets de l’accord des deux misérables.

Tout se passa de point en point comme l’avait prévu et arrêté Louis de Clameran.

Une fois encore, et précisément lorsque Mme Fauvel osait enfin respirer, la conduite de Raoul changea brusquement. Ses dissipations recommençaient de plus belle.

Jadis, Mme Fauvel avait pu se demander : « Où dépense-t-il tout l’argent que je lui donne ? » Cette fois, elle n’avait pas de questions à se poser.

Raoul affichait des passions insensées ; il se montrait partout, vêtu comme ces jeunes gandins qui font les délices du boulevard, on le voyait aux premières représentations dans des avant-scènes, et aux courses en voiture à quatre chevaux.

Aussi, jamais il n’avait eu de si pressants, de si impérieux besoins d’argent ; jamais Mme Fauvel n’avait eu à se