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tu demandé comment tu expliqueras ta fortune nouvelle ? On sait, chez M. Fauvel, qu’un Clameran que tu ne connaissais pas, c’est toi qui l’as dit — habitait près d’Oloron ; il avait même des fonds dans la maison. Que diras-tu quand on te demandera quel était ce Clameran et par quel hasard tu te trouves être son légataire universel ?

Louis haussa les épaules.

— À force de chercher le fin du fin, mon neveu, prononça-t-il, tu arrives à la naïveté.

— Explique, explique !…

— Oh ! facilement. Pour le banquier, pour sa femme, pour Madeleine, le Clameran d’Oloron sera un fils naturel de mon père, — mon frère, par conséquent, — né à Hambourg et reconnu pendant l’émigration. N’est-il pas tout simple qu’il ait voulu enrichir notre famille ? C’est là ce que dès demain tu raconteras à ton honorée mère.

— C’est audacieux.

— En quoi ?

— On peut aller aux renseignements.

— Qui ? le banquier ? Dans quel but ? Que lui importe que j’aie ou non un frère naturel ? J’hérite, mes titres sont en règle, il me paye et tout est dit.

— De ce côté, en effet…

— Penses-tu donc que Mme Fauvel et sa nièce vont se mettre en quête ? Pourquoi ? Ont-elles un soupçon ? Non. La moindre démarche, d’ailleurs, peut les compromettre. Même maîtresses de nos secrets, je ne les crains pas, puisqu’elles ne peuvent s’en servir.

Raoul réfléchissait, il cherchait des objections et n’en trouvait pas.

— Soit ! fit-il, je t’obéirai ; mais il ne faut plus que je compte maintenant sur la bourse de Mme Fauvel.

— Et pourquoi, s’il te plaît ?

— Dame ! maintenant que toi, mon oncle, tu es riche…

— Eh bien ! s’écria Louis triomphant, qu’est-ce que